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Le sacré rayonne-t-il sur le vivant ? Comment se manifeste-t-il sur la matière « inanimée » ?

Mes dernières recherches portent sur les différentes expressions de la trace qui révèlent une part des dialogues et des correspondances que j’entretiens depuis toujours entre terre et ciel, entre le visible et l’invisible. Ces traces prennent la forme d’images estampées à la main, de récits graphiques d’empreintes à l’encre réalisées sur la matière « inanimée » (sols/murs), ou encore d’installations qui questionnent notamment notre lien au sacré (marelle de carreaux d’argile/2023).

En laissant advenir des formes et des images qui surgissent spontanément par les procédés de l’empreinte et du monotype, en accueillant l’aléatoire dans le processus de création, le « merveilleux » semble alors accessible.

Fascinée depuis l’enfance par l’invisible et le sacré, par la puissance du vivant et de ses métamorphoses, je crée des empreintes pour pénétrer des mystères, dévoiler des mouvements de vie, accueillir dans la matière des traces de ce qui semble être partout et nulle part.

 

« L’invisible, c’est la totalité de ce que l’on a sous les yeux. » (1)

Ma démarche artistique s’inscrit dans la rencontre avec un lieu, une terre. 

C’est au sein de sites patrimoniaux sacrés et au cœur du vivant que je vais chercher ces parts de lumière qui nous échappent. Je tente de les saisir dans la matière grâce au procédé singulier du monotype qui restitue avec une sensibilité rare l’empreinte du geste tout en la mettant à distance lors de l’estampage. Parallèlement à ces travaux, je cherche d’autres traces singulières, des expressions de « l’invisible » à partir de matières et surfaces « inanimées » tels que les murs décrépis d’un cloître, des pavements anciens d’une crypte, des mobiliers liturgiques ou d’une oeuvre en marbre du XVIIIème siècle, toutes porteuses de « mémoires ». Je les détourne ensuite en les recontextualisant, en les réinventant dans des formes que j’emprunte volontiers aux arts d’extrême-orient, aptes à contenir la part sacrée qu’elles contiennent : kakémonos, kimonos, orihons, mantras…

 

Sensible aux liens singuliers que nous nourrissons avec ce qui émerge de la terre, je crée dans l’encre en intériorisant des sujets du monde vivant (forêts, source, végétaux) que je cherche à capturer dans la lumière, à l’instar de la photographie en négatif, comme figés dans une autre dimension. Ces éléments naturels sont des miroirs de la condition humaine, ils nous parlent de notre inconscient, de nos peurs, à la fois fragiles et puissants, messagers de l’invisible.

 

En interrogeant la présence du sacré dans la matière inanimée et au cœur du vivant, je vois également apparaître à travers les empreintes, des traces des histoires des femmes et des hommes croisant la grande Histoire, notamment au sein des sites patrimoniaux sacrés, à la fois lieux cultuels et espaces communautaires.

En recréant de nouvelles vies, de nouvelles formes à ces empreintes, j’aime donner une nouvelle lecture de ce qui est sous nos yeux en suivant inlassablement « la perspective du cœur, qui dessine ce qui n’est pas pour mieux voir ce qui est. » (2)

 

Recherches en médiation artistique auprès de publics en situation de vulnérabilité.

 

Depuis trente ans mes recherches artistiques se mêlent intimement aux ateliers de médiation que j’anime, en s’enrichissant mutuellement.

Dans le cadre de recherches sur l’empreinte et les traces de soi comme matériau et tuteur de résilience, je crée et anime des ateliers de médiation auprès de publics en situation de vulnérabilité (isolement, précarité, souffrance physique et/ou psychique) en utilisant les médiums de l’empreinte et du monotype. Dans ces ateliers, j’accompagne l’émergence d’expressions personnelles en proposant un cheminement "sur les traces de notre mémoire lumineuse",  ces parts de nous-mêmes restées intactes malgré le trauma et la maladie et représentant un terreau de résilience et d'apaisement, un nouvel espace de vie et de liberté.

Au-delà de la mémoire de nos vies, cheminer dans les pas de cette mémoire nous relie au mystère de notre vie, à cette part indicible, cette part de nous qui se souvient de demain et de toujours."

Hélène Menanteau, décembre 2023

(1) (2) : Christian Bobin, Le Très-Bas

 Monotype : technique de peinture entrant dans la famille des estampes - mis au point en Italie par Giovanni Castiglione au XVIIème siècle – permettant de créer des images uniques (mono type = une empreinte) sur papier et étoffe de coton et autre support.

 

Démarche artistique

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